Parfois tu ne réfléchis pas, tu agis, tu fonces. Il n'y a pas de "Pourquoi ?". C'est comme ça, c'est tout.

         Je longe la frontière de ma démarche habituelle, silencieuse. Je suis aux aguets bien que je me doute qu'il y a peu de chances que quelque chose de dangereux survienne, mais on n'est jamais trop prudent. J'avance donc, les oreilles dressées, regardant autour de moi, le museau au vent, les muscles légèrement bardés mais je me déplace tout de même en prenant soin de garder le plus grand silence possible. Je suis alerte, au cas où, tout simplement. Je patrouille seule, si on peut appeler ça une patrouille, comme j'ai l'habitude de le faire. Je préfère ça à la compagnie des autres. La question de "Pourquoi la frontière avec le Clan de l'Écume ?" ne se pose même pas... J'espérais juste y croiser l'un d'eux, seulement aujourd'hui n'a pas l'air d'être mon jour de chance. Une odeur d'eau et de d'humidité est apportée par le vent, qui fait virevolter des gouttelettes sous forme de légère brume un peu plus loin. Je peux sentir l'humidité presque pesante de leur territoire depuis là. C'est un air lourd, un peu difficile à respirer... J'ai toujours, en quelque sorte, admiré les membres de ce Clan pour réussir à vivre dans ces terres. Mais évidemment, ça fait partie de leurs compétences, donc... Il n'empêche que je ne sais pas comment je ferais si je devais vivre là-bas. Pour un peu que j'ai été abandonnée sur ce territoire, j'aurais... ! Non, je préfère éviter se penser à ça. Je soupire et je continue ma route. Après tout,  si leur mode de vie leur convient, ça me me regarde pas... Au même moment, j'entends des bruits non loin, qui brisent le calme et le silence de cet endroit. Des bruits de course. Que se passe-t-il ? Est-ce que quelqu'un est en danger ? Je me retourne en vitesse, bondissant sur mes pattes, prête à agir bien que je ne sache pas à quoi m'attendre. Mais si quelqu'un a besoin d'aide, il faut que j'intervienne...

         En me rapprochant de la jeune femelle qui vient de débouler sur notez territoire, je peux la reconnaître. C'est Plume de Phoenix. Je ne la connais pas très bien, ou plutôt, je ne la connais pas du tout, je l'ai seulement aperçue quelques fois lors des Assemblées auxquelles j'ai participé, et j'ai retenu son nom par hasard. Il faut dire que j'ai une assez bonne mémoire, c'est pour ça que je me souviens d'elle. Mais ce n'est pas le plus important ; que fait-elle ici ? Je sais qu'elle est entrée par effraction sur notre territoire, que c'est contraire à nos codes et qu'elle devrait être blâmée pour ça, seulement je ne dis rien car elle a l'air complètement déboussolée et paniquée. Je comprends qu'elle était en train de fuir quelque chose et ce n'est pas le moment de l'affronter pour une raison aussi stupide que le fait qu'elle ai franchi la frontière pour sauver sa peau. Ce n'est pas comme si elle voulait quelque chose de mal, enfin, je suppose.

Je ne peux retenir un frisson en l'entendant parler des renards. Comme tous les autres chats ,je présume, je déteste ces bêtes. Enfin, ce n'est pas que je les déteste réellement, mais elles me font peur et je veux à tout prix éviter d'avoir des ennuis avec eux. Comme certains disent, leur vie n'est rien contre celle de tout un Clan. Je ne suis pas tout à fait d'accord, bien qu'il y ai une part de vérité au fond de cette phrase. Je la regarde fixement, sa panique paraît retomber. Je lève la truffe et je flaire en effet les relents des deux renards, bien qu'ils ne soient pas encore tout proches.


Je veux bien accepter le fait qu'elle était poursuivie et qu'elle ne pouvait rien faire en étant seule, mais la seule idée que cela puisse mettre mon propre Clan en danger me révolte.  

Je soupire et je regarde autour de moi. Je ne sais pas si les renards ont déjà traversé la frontière... Ils nous auraient déjà repérés, non ? Je ne sais pas, e qui vaut le mieux. Je ne meurs pas d'envie d'aller sur le territoire adverse, il me paraît déjà assez peu accueillant... Mais d'un autre côté, j'espère qu'ils ne sont pas sur le territoire du Clan des Nuages. Je jette un coup d'œil vers la guerrière. Le mieux à faire pour les trouver est encore de remonter le chemin qu'elle a pris pour retrouver leur trace. Ça ne devrait pas être très compliqué, vu la puanteur qu'ils dégagent... Je la regarde, attendant qu'elle me guide.

J'approuve d'un léger signe de tête en réprimant un soupir. Bien sûr... Je ne comptais pas plonger dans ce terrier sans avoir de plan. Je ne suis pas suicidaire, ou en tous ca,  il me reste suffisamment dignité pour vouloir éviter de périr dans un vieux terrier nauséabond, des mâchoires de ces bêtes sans cervelle. Je réfléchis un instant. Elle vient du Clan de l'Écume. Ses capacités, les miennes... Je ne sais pas trop comment l'eau pourrait nous servir dans cette situation ? On pourrait toujours les jeter à l'eau, mais... On pourrait même juste les effrayer. Seulement, si on se contente de les faire fuir, ils pourraient se réfugier sur mon propre territoire... Moi, je pourrais faire quelque chose, mais... Je regarde autour de moi. Il n'y a pas ou presque pas d'arbre... Je suis mal à l'aise sur ce terrain. Il faut que je trouve, quelque chose qui soit sensible de fonctionner à 100% et qui permette à tous les chats de s'en sortir intacts. Je la regarde, je regarde l'entrée du terrier. Je soupire.

« À mon avis, ils ne peuvent passer qu'un par un dans ce tunnel. Mais je pense que nous battre là-dedans, c'est trop risqué, donc il faut les attirer à l'extérieur. Voilà ce que je te propose: toi, tu te caches par... Là. je dis en désignant un coin du bout de la queue. De façon à ce qu'ils ne te voient pas en sortant. Moi, je vais à l'intérieur et je ressors en courant quand ils me poursuivront. Je pense que ça devrait aller, la vitesse, ça me connaît. Je crois. Donc, quand le deuxième renard sortira, tu l'attaqueras. Le deuxième, hein ? Sinon, ils risquent de tous les deux venir sur toi. Je m'occupe du premier. Ça te va ? je termine enfin en la regardant d'un air insistant. »

Je prends une profonde inspiration avant de m'avancer d'un pas prudent dans le terrier nauséabond. Ce n'est pas que j'apprécie ces bêtes dangereuses que sont les renards, mais je ne me réjouis pas non plus à l'idée de les détruire, de les... tuer. Je soupire tout doucement, en essayant de faire le moins de bruit possible. Je sais très bien qu'ils risqueraient de tuer les miens si je les laissais en vie, mais j'aurais aimé qu'ils s'en aillent juste et que je n'aie pas à prendre leur vie... Est-ce qu'eux, ils hésiteraient à me tuer ? On m'a toujours dit que non, mais... je ne sais pas. Aah, je sais que j'ai souvent des idées bizarres, pour penser à ce que peuvent penser ou ressentir les renards ou les autres animaux de la forêt, mais je me peux pas vraiment m'en empêcher...

Je fronce le museau en sentant la puanteur des prédateurs se faire plus forte. Je n'y vois pas grand-chose, puisque mon propre corps empêche en partie la lumière de passer devant moi, puisque le soleil est dans mon dos. En sentant les bords du tunnel s'éloigner pour donner un passage plus large contre mes flancs, je ralentis. Si continue et que l'espace est trop large, je risque de me faire attaquer par les deux renards à la fois —s'ils ne sont que deux... mais aussi de me perdre. Je ne me suis jamais aventurée dans un terrier de renard auparavant (je dois être folle pour avoir eu une idée pareille...), et je ne sais pas comment ces derniers les construisent... peut-être y a-t-il des galeries ? Je n'ai aucun moyen de le savoir, mais si je ne continue pas, j'en pourrai pas retrouver les renards... Je commence à réfléchir à ce que je devrais faire, mais la réponse vient d'elle même: un grognement se fait soudainement entendre, et je vois des yeux hargneux briller à quelques pas de moi. Aussitôt, je fais demi-tour pour m'élancer vers la sortie. Ah... Je n'avais prévu que le tunnel soit si serré. Je l'avais trouvé large quelques instants plus tôt, mais je peine à me retourner. J'y parviens finalement mais l'animal à la fourrure de feu à le temps de me mordre. Heureusement, il parvient seulement à m'arracher quelques poils. Je laisse échapper un petit feulement, à la fois de douleur et se frustration, car mon plan n'a pas exactement fonctionné comme prévu.

Je cours, je cours le plus vite possible afin de ne pas me faire rattraper. J'entends des glapissements, des grognements et des claquements de mâchoire juste derrière moi, ce qui ne peut que m'encourager à accélérer davantage. Vite... Plus vite... J'ai l'impression que mes pattes ne touchent même plus le sol tellement je fonce dans le tunnel. En voyant l'entrée baignée de lumière apparaître devant moi, je crie dans le but de prévenir Plume de Phoenix, sans ralentir pour autant:


Quelques instants plus tard, je déboule à l'air libre. Je suis à bout de souffle, mon cœur bat la chamade à cause de ma course mais aussi à cause de la peur de me faire attraper, mais je n'ai pas le temps de m'arrêter pour respirer. Je continue de courir sur deux ou trois longueurs de queues de renard, histoire d'avoir de l'espace, et je me retourne brusquement face à mon adversaire, prête à me battre.

J'entends des bruits de combats un peu plus loin tandis que l'autre guerrière se charge du deuxième renard. Je ne peux rien faire pour m'assurer que tout se passe bien pour elle, je dois d'abord me concentrer sur mon propre adversaire... En entendant les plaintes de son camarade non loin, ce dernier tourne la tête, sûrement par surprise et aussi pour prêter main forte à son prochain. Je suppose que ces renards ont un esprit de camaraderie et qu'ils ne méritent pas qu'on les traite comme ça... Peut-être... Aah, j'ai encore ces idées bizarres...

Je profite donc de ce moment d'inattention pour attaquer lâchement le renard, qui pousse un glapissements surpris lorsque mes griffes lui éraflent le museau, faisant voleter quelques touffes de poils flamboyantes au passage. Cependant, il ne tarde pas à réagir et il fait claquer sa mâchoire non loin de moi ; je parviens à éviter son coup au dernier moment... Heureusement pour moi. Alors qu'il se jette en avant pour me porter un nouveau coup, je m'élance dans les airs et je fais un de ces bons prodigieux qui sont propres aux membres de mon Clan. Je réaterris juste derrière lui, mais par malchance, je chute maladroitement en entrant en contact avec le sol.

Je ne pense pas m'être fait vraiment mal et je me relève rapidement, mais mon adversaire a le temps de se retourner et il m'attaque avant que je n'aie le temps de réagir. Le renard agrippe une de mes pattes arrières et la serre fortement entre ses mâchoires, pour m'enlever tout espoir de m'échapper. Mon souffle se coupe sous la douleur et je laisse vaguement échapper un cri étouffé, mais j'essaie de me reprendre. Le renard tire sur ma patte en grognant et je ne vois aucun moyen de m'échapper. Que faire... ? J'essaie d'empêcher la panique de me gagner, j'ai l'impression que je vais y passer.

...Je crois que je n'ai jamais eu autant de chance de toute ma vie, si ce n'est que je sois douloureusement blessée:  l'autre renard, que combattait Plume de Phoenix, détale en glapissant, blessé. Mon propre adversaire, en le voyant, arrête alors de bouger. Il me fixe de ses petits yeux luisants, puis il regarde dans la direction qu'à prise son camarade, et il file le rejoindre.

Je soupire de soulagement et je m’effondre, éreintée. Ce combat m'a vraiment fatiguée, me débattre était aussi épuisant physiquement que mentalement. De plus, le bond que j'ai fait m'a vidée de mon énergie, étant donnée que nous, membres du Clan des Nuages, n'avons pas un naturel très endurant... Je me retourne avec difficulté pour constater les dégâts causés à ma patte. Aussitôt une odeur métallique m'assaillit. Du sang. Du sang... Un sang poisseux coule le long de ma fourrure, la salissant, et goutte doucement sur le sol. J'ai une plaie et elle n'est pas belle à voir... Je grimace. J'entends la guerrière qui m'appelle, un peu plus loin. Il faut que je rentre chez moi... Je me redresse tant bien que mal. C'est douloureux... Mais je n'ai pas vraiment le choix.


Je continue d'avancer jusqu'à ce que j’aperçoive Plume de Phoenix, et je marche vers elle en m'efforçant de ne pas boiter.

Je détourne le regard quand elle me pose sa question. Je ne peux simplement pas admettre que j'ai été blessée. Je veux dire, bon sang, je suis plus forte que ça ! Si je ne suis pas capable de me débrouiller seule parce que j'ai fait une erreur et que je me retrouve en mauvaise posture, alors qu'est-ce que je vaux, hein ? C'était mon idée, mon plan, alors je dois juste en assumer les conséquences. J'ai un mouvement de recul lorsqu'elle s'avance dans ma direction.

En finissant ma phrase, je me rends compte de ce que je dis. La guerrière ne m'a rien.fait de mal. Enfin, c'est de sa faute si j'ai dû combattre ces renards... Je secoue la tête. Non, elle n'y est pour rien.

Je la regarde s'éloigner sans un mot. Mais les paroles qu'elle m'a lancées m'atteignent et m'intriguent en un sens. Je me demande seulement de quoi elle parle. Est-ce que ça a réellement un rapport avec moi et ma vie ? Je ferais peut-être simplement mieux de lui demander. Hurle mon nom... Ah, c'est ce qu'elle a dit. Comme si j'allais faire quelque chose comme ça... Je dois dire que je préfère éviter. Comme elle ne s'est pas encore trop éloignée, je me redresse et je marche à sa suite, me dépêchant pour la rattraper. Seulement, forcer sur ma patte est douloureux, et je grimace en me retenant de m'éffondrer à nouveau. C'est de ma faute de toute façon, je l'ai cherché alors je n'ai qu'à prendre sur moi. J'accélère davantage mon allure, tant bien que mal.

Je vais le plus vite que ma patte me le permet, je veux à tout prix la rattraper avant que l'on ne soit trop loin sur son territoire. Ça s'était bête que quelqu'un d'autre, qu'un autre membre de son Clan, me trouve avant que je ne l'ai rattrapée... Je n'ai absolument pas l'impression de couvrir la distance qui nous sépare, j'ai même plutôt au contraire l'impression qu'elle se creuse... Je fais du mieux que je peux, et quand finalement j'arrive presque à sa hauteur, je lance:

La mère de... quoi ? J'ai l'impression que je ne peux plus respirer. Repenser à Souffrance Artistique et à Nuage du Martyr est suffisamment difficile pour moi, ça me fait mal, c'est vrai, de me savoir séparée d'eux, j'ai du mal à vivre seule dans mon Clan, il m'arrive de me sentir malheureuse à cause de cette situation. Cependant, apprendre que quelqu'un d'autre, que Plume de Phoenix est au courant de ça, c'est simplement un... un véritable choc. J'ai comme le sentiment que le sol se dérobe sous mes pattes, que la terre s'ouvre en deux pour me laisser tomber dans un vide sans fin, un trou sans fond, un creux, une déchirure dans laquelle je vais me noyer. Comment est-ce possible ? Non, je suis sûre qu'elle se trompe. Je veux dire, c'est vrai, il est mon fils, mais il est impossible qu'elle en soit aussi certaine qu'elle le dit. Je ne peux pas réaliser qu'elle soit au courant d'une chose pareille. Personne ne doit le savoir, personne ! Moi-même je n'étais pas au courant avant ma rencontre avec Souffrance Artistique, quelques jours auparavant ! Je ne peux pas le croire. Je ne peux pas... Il faut pourtant que je me sorte de cette situation. Je ne peux pas la laisser dire ça. Je ne peux pas la laisser le penser. Je ne peux pas la laisser savoir. Je suis en danger.

Je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un mouvement de recul en entendant ses mots. Quoi ? Je me sens comme agressée, j'ai l'impression de ne plus avoir la moindre protection maintenant que la vérité est dévoilée, maintenant que toutes ces choses éclatent au yeux de tous, maintenant que cette réalité, que ma réalité, maintenant que ce qui constitue toute mon existence est dévoilée. D'un certain côté, je ne peux m'empêcher de me maudire. Comment est-ce que j'ai pu, ne serait-ce qu'un seul instant, penser que je pourrai le cacher plus longtemps ? Est-ce que j'ai vraiment imaginé que les choses allaient se dérouler normalement, sans que personne n'en sache rien, sans que personne ne devine quoi que ce soit ? Mais, cette situation me blesse tellement ! Qu'est-ce qu'elle en sait, au juste ? En quoi est-ce que ça la regarde ? Qu'est-ce qu'elle me veut, hein ? Ce n'est pas comme si j'avais voulu que ça arrive !

Réalisant soudain la gravité de mes pensées, je ne peux m'empêcher d'enfoncer mes griffes dans la terre, retenant ma rage contre moi-même. J'ai envie de hurler. Comment est-ce qu'une chose pareille peut, même, me traverser l'esprit ? C'est de mon fils qu'il est question ! Comment est-ce que je peux être aussi indigne ? Je mene le mérite même pas... Les paroles de la guerrière du Clan de l'Écume n'arrange en rien la situation. J'ai, certes, de l'estime pour elle, je pourrais même dire que je l'apprécie en quelque sorte, mais... Enfin, je ne suis pas en colère contre elle. Seulement contre moi-même. Le problème, c'est que ce qu'elle me dit me blesse... tellement. Et je sais que si ça fait si mal, c'est juste parce que c'est la vérité. Je le sais pertinemment et pourtant, je refuse de l'admettre. Je ne peux pas l'accepter, pas le supporter, je me sens obligée de me mentir à moi-même, c'est beaucoup trop pour moi. Je suis trop faible pour simplement accepter ce qui est.


Ma voix se brise soudain alors que je réalise à quel point je peux être monstrueuse, à quel point je suis pourrie de l'intérieur. C'est déchirant de m'en rendre compte comme ça. C'est vraiment horrible. Non. Je suis horrible. J'ai beau faire n'importe quoi pour me convaincre du contraire, ça ne changera pas la réalité. Le fait est que je suis un monstre, et rien ni personne ne peux changer ça. J'ai fait ce que j'ai fait, et je ne peux pas retourner en arrière maintenant. Il est trop tard pour réparer mes erreurs, et le savoir me déchire intérieurement aussi facilement que s'il était question de casser une brindille en deux.


Ou plutôt, le cœur vide, l'esprit vide, l'âme vide ? C'est exactement ça. Je suis complètement vidée. Je ne suis rien. Juste une coquille vide qui tient miraculeusement debout.