Aider le Clan (mais quel titre magnifique... On sent l'inspiration ;-;) Bref: MISSION

Je me dirige vers l'antre de la guérisseuse d'un pas qui se veut naturel. Je n'ai en réalité aucune envie de faire ça. Je veux dire, je suis certes dévouée à mon Clan et j'ai envie de l'aider, mais travailler en équipe, ce n'est pas vraiment mon genre. Je ne suis pas vraiment à l'aise sur ce terrain là. Enfin, je ne suis pas la seule guerrière ici ! Ça aurait pu être n'importe qui d'autre, mais non.
Le matin même, Étoile des Neiges m'avait convoquée dans son antre. Je ne savais pas réellement de quoi elle voulait me parler mais je me doutais bien que ce n'était rien de grave. Après tout je n'avais rien fait. Ou plutôt... personne ne peut savoir ce que j'ai fait, avais-je alors pensé en essayant de garder mon calme. Finalement, elle voulait juste nous informer qu'une ruche avait été faite non loin de l'antre de notre guérisseuse et que cela représentait un danger. À vrai dire, nous étions déjà tous au courant de ce fait: la panique des reines lorsqu'elles ont vu leurs petits jouer à proximité du nid bourdonnant et les larges détours que faisaient les apprentis pour éviter les abeilles causaient suffisamment de chahut pour tenir tout le Clan au courant... Sans compter les cris de surprise que poussaient les plus jeunes lorsque les insectes s'approchaient de trop près. Cependant, ils avaient raison: cette ruche peut représenter un véritable danger si jamais un chaton ou même in chat plus âgé venait à se faire piquer... C'est pourquoi notre chef nous a demandé, à Écho Gelé et à moi, de nous en débarrasser. Pourquoi moi ? je pense tout en soupirant, ennuyée. Ce n'est pas que j'aie peur des abeilles ou de me faire piquer, et je suis même heureuse se pouvoir aider mon Clan, seulement, me forcer à travailler en équipe est peut-être la pire des punitions pour moi. Il est peut-être étrange de vivre dans un Clan et de ne pas supporter la vie d'équipe, mais je suis comme ça. Et pourquoi elle ? Je n'ai rien contre Écho Gelé, mais... Enfin, j'aurais dans tous les cas préféré ne pas avoir à faire ça.
Nous arrivons donc devant la tanière d'où me proviennent les senteurs des diverses plantes nécessaires aux soins de guérison. Elle est temporairement vidée de tout chat, il est donc important que nous réglions cette affaire au plus vite afin que l'antre redevienne accessible. Le miel peut être utile pour les soins médicaux, donc gardez-en si possible ! nous avait-on dit. Tu parles... Comme si c'était aussi simple... je râle mentalement.


Je n'aime pas ça mais je n'ai pas le choix: il faut que nous travaillons ensemble. Je me tourne donc vers Écho Gelé, attendant qu'elle dise quelque chose. Je ne sais pas par où elle veut commencer.

Le problème avec ce genre de travail n'est pas vraiment de devoir faire les choses en équipe. Ce n'est pas tant sa présence, pas plus que celle de n'importe quel autre chat, qui me dérange. D'ailleurs, je suis même d'accord sur le fait qu'un duo est plus efficace qu'un chat accomplissant sa tâche seul. Je ne prétend pas non plus que j'aurais pu m'en sortir seule pour déloger cette riche d'ici. Au contraire, je suis d'avis qu'il est une bonne idée de nous mettre à plusieurs là-dessus. C'est plus sûr et plus efficace. En fait, le réel problème, c'est qu'avec ces personnes-là, c'est qu'il faut toujours qu'elles parlent pour dire des choses qui ne sont pas nécessairement utiles ni agréables.


Elle préfère les solos ? Sans blague. Elle peut toujours se taire si jamais elle ne supporte pas ma présence. Je ne l'aie pas forcée à me faire ce commentaire. Vraiment, à quoi est-ce qu'elle pense au juste ?! Elle croit que je n'ai pas envie de réussir, moi ? Que je vais tout faire foirer ? Non seulement je suis dans le Clan depuis bien plus longtemps qu'elle, mais en plus j'ai nommée guerrière au moins une lune avant elle. Alors pourquoi est-ce que son ton me donne l'impression qu'elle parle à son apprentissage ? Franchement... Étoile des Neiges était vraiment obligée de nous mettre toutes les deux ? Si elle avait même choisi un troisième félin pour nous aider, ça aurait été parfait. Ils auraient pu discuter tous les deux et me laisser tranquille. Mais non, nous sommes toutes les deux alors il faut qu'elle me parle. C'est l'avantage avec Souffrance Artistique ; même lorsque nous étions tous les deux il ne se sentait pas obligé de parler pour ne rien dire. Juste pour meubler le silence. Lorsque nous discutions, les choses venaient naturellement. Mais là... son commentaire me fait juste frémir. C'est comme s'il pouvait y avoir un doute sur le fait que je veuille mener cette mission à bien. Mais je n'ai pas le choix, alors je ne dis rien de tout cela.


Ce faisant, je me dirige vers l'intérieur de l'antre en prenant garde à ne pas passer trop près du nid d'abeilles. A l'intérieur, je trouve une pile grande feuilles plates. Je plisse le museau, agressée par toutes les odeurs amères que dégagent les plantes entreposées ici. Du bout des dents, j'attrape la feuille qui se trouve sur le dessus du t'as, et je l'entraîne vers la ruche. Ça sera parfait pour récolter le miel. Après quoi, je retourne à l'intérieur et je partage le reste des feuilles avec Écho Gelé pour que nous puissions nous protéger les pattes, comme elle l'a elle-même dit plus tôt.

J'enroule les feuilles autour de mes pattes du mieux que je peux, ce n'est pas quelque chose que je fais tous les jours alors ce n'est pas forcément simple à faire... Au bout d'un moment, lorsque j'estime que mes pattes sont suffisamment protégées, je laisse mes griffes traverser la fine couche de feuilles pour que je puisse ainsi les sortir et avoir une meilleure prise. Je soupire de soulagement lorsque j'ai enfin terminé. Écho Gelé, elle, a déjà fini sa tâche et elle commence à s'affairer autour de la ruche. Je la rejoins d'un pas hésitant; il est étrange de sentir la masse compacte des feuilles à la place du sol sous ses pattes. Je ne pourrais vraiment pas faire ce genre de choses et porter des chaussons comme ça tous les jours... Je me dépêche néanmoins de rejoindre ma camarade pour récolter le miel.
Au fur et à mesure que nous extirpons le miel de la ruche, les abeilles deviennent de plus en plus agitées et alors que nous commençons à avoir recueilli une quantité de miel satisfaisante, elle nous tournent autour avec des bourdonnements furieux. Plusieurs fois, elles ont tenté de piquer mes pattes qui étaient à l'intérieur du nid pour en extraire le miel, mais heureusement les feuilles m'ont protégée. Les pauvres insectes n'y ont cependant pas survécu: comme pour n'importe quelle autre piqûre, les abeilles y ont laissé leurs dards et elles ont finalement succombé. Celles-là, on ne pourra pas dire qu'elles ne seront pas morte pour défendre leur ruche. Finalement, une ruche est un peu hiérarchisée comme un Clan, non ? Tout le monde récolte pour nourrir les petits, une reine les dirige et elles se battent pour défendre leurs compagnons et leur habitat. Non, je pense vraiment à des choses stupides... Soudain, je sens une douleur me traverser l'épaule. Une brûlure, comme si j'avais frôlé un plan d'orties, mais qui se fait de plus en plus intense, de plus en plus présent.


Je continue donc ma tâche en serrant les dents et en ignorant la douleur. Je me demande si Écho Gelé s'est faite piquer elle aussi, mais c'est sûrement la cas car d'autres abeilles m'atteignent à deux ou trois reprises. Mais je dois continuer ma tâche, je n'ai pas le choix... Finalement, une quantité de miel assez importante remplit presque tout l'espace que le permettait la feuille. Je recule pour m'éloigner de la ruche, mais certains des insectes continuent de me tourner autour. Je sens qu'ils ne sont pas prêts de me lâcher, moi qui ai agressé leur ruche et causé la mort de plusieurs de leurs congénères. Ces abeilles sont de véritables kamikazes et elles ne semblent pas vraiment prêtes à se décourager. Dire qu'il va falloir déplacer leur nid, maintenant qu'elle sont bien énervées... Je me tourne vers l'autre guerrière, qui se tient non loin. De toute façon on n'a pas de quoi récolter plus de miel ; alors ce qu'on a sera suffisant.

Elle marque une pause avant de répondre, sûrement pour reprendre son souffle et ses esprits et se remettre de toutes les piqûres que nous ont infligées les abeilles. C'est la même chose pour moi; je peux le comprendre mais il faut encore faire une dernière chose avant de se laisser aller pour que la mission soit terminée: déloger le nid et l'emmener hors du camp. Je ne sais pas lequel s'annonce pour être difficile, et je ne suis pas ce qu'on peut appeler enthousiaste à l'idée de le faire, mais il le faut bien. Cette pensée me traverse et à ce moment-là Écho Gelé reprend la parole:


Je frémis en entendant ces mots. Je ne supporte vraiment pas un tel dédain, je ne sais pas si elle le fait exprès ou non mais c'est vraiment rabaissant pour moi qu'elle agisse de cette façon à mon égard. Je n'ai rien dit ! Je n'ai pas laissé entendre que je ne voulais pas le faire, je ne l'ai pas insinué, je n'ai pas agi comme si c'était le cas, je ne l'ai même pas pensé ! Alors pourquoi est-ce qu'elle dit des choses pareilles ? À mes yeux, c'est la même chose que si elle m'avait clairement signifié que j'étais juste une petite chose fénéante et inutile qui ne fait rien pour son Clan. C'est vraiment insultant. Je pourrais le lui faire savoir et lui dire de se calmer, mais je ne dis rien, je me contente de lever les yeux aux ciels et de la laisser faire ce qu'elle veut. Elle commence par enlever les protections autour de ses pattes. C'est sûr que c'est une bonne idée, je songe avec un soupir. Tu t'es déjà faite piquer alors tu enlevés les feuilles pour aller retirer le nid en plus de ça, histoire d'être encore moins protégée... Je secoue la tête. Après tout elle fait ce qu'elle veut... Je n'ai pas à penser ce genre de chose.
Elle bondit alors et déploie ses ailes afin de parvenir au sommet de la ruche et ainsi sectionner la jointures entre celle-ci et son support —en l'occurrence, les branches basses d'un arbuste. Quelques instants plus tard, elle réaterrit lourdement sur le sol en laissant tomber le nid non loin. Les abeilles sont plus furieuses que jamais et elles volent à toute vitesse autour de leur nid avec des bourdonnements assourdissants. Elles fusent de toute part et je comprends que nous devons éloigner cette chose au plus vite. C'est vraiment dangereux et si les abeilles en furie se propagent dans tous le camp, elles risquent d'en piquer plus d'un et c'est vraiment risqué. Il faut le sortir, mais comment ? Si je m'approche, elles vont se jeter sur moi à coup sûr, mais je ne vois pas d'autre moyen. En fait, c'est juste une question de vitesse... Je glisse un coup d'oeil dans la direction de l'autre guerrière. Elle paraît épuisée après ce qu'elle vient de faire. Elle aurait pu demander de l'aide au lieu de râler, su c'était pour se mettre dans cet état là... C'est à mon tour, donc. Je ne dis rien, je me précipite juste vers la ruche tombée au sol, abîmée par nos coups de patte et son arrivée précipitée par terre. Sans perdre de temps, je trouve une prise et je soulève la ruche à l'aide de ma mâchoire. C'est lourd et ces difficile, mais je dois faire des efforts parce que je n'ai pas le choix. Je cours hors du camp sans m'arrêter, je ne sais pas où je vais mais je continue de courir en traînant la ruche derrière moi, puissant les yeux et plaquant les oreilles en arrière à cause des insectes en colère qui me tournent autour. Les piqûres deviennent de plus en plus nombreuses et la douleur de plus en plus intense, mais je ne m'arrête pas. Je dois en finir au plus vite si je veux que les abeilles arrêtent. Je fonce le plus rapidement que me permettent mes pattes, mes coussinets effleurant seulement le sol avant de me propulser en avant a nouveau. Mes muscles sont à vif mais je continue d'accélérer autant que je peux. Inconsciemment, mes pas me guident jusqu'à la source brumeuse. Je sais que c'est ma seule issue. Quand j'entends finalement in léger clapotis droit devant moi, une vague de soulagement m'envahit. J'y suis, c'est la dernière ligne droite. Je bifurque pour prendre un léger détour, m'enfonçant entre des broussailles épaisses. Je laisse volontairement tomber la ruche au fond des sous-bois, là où ne nous rendons jamais même pour chasser ; il n'y a rien ici. Et tant mieux. Mais je n'arrête pas ma course: les abeilles continuent de me pourchasser et c'était prévisible. J'ai l'impression de n'y voir plus que du noir et du jaune et de ne rien pouvoir entendre d'autre que des bzzz permanents. J'ai l'impression d'être en feu tellement les piqûres et mes muscles me font mal, mais je continue de courir et j'arrive enfin au point d'eau. Mon seul moyen pour qu'elles arrêtent de me suivre est de me jeter dans l'eau. Alors en arrivant devant la source plongée dans la brume, je ne m'arrête toujours pas et je saute.

Nous nous appliquons à soigner nos piqûres du mieux que nous pouvons afin de calmer la douleur. Bien que la brûlure se soit légèrement apaisée, elle est toujours bien présente. Je peux presque localiser chaque piqûre rien qu'en sentant la palpitation de ma peau là où le venin est entré dans mon sang. Je grimace à cette idée. J'ai vraiment été beaucoup piquée... Le contact de l'eau glacée contre ces blessures brûlantes avait été quelque peu bénéfique, cependant dès que je suis sortie de l'eau la douleur est revenue. Je soupire longuement, sachant que ce n'est pas près de passer. Mais de toute façon, je connaissais les risques lorsque j'ai accepté de faire cette mission —comme si j'avais le choix de refuser...— et lorsque j'ai fait ce coup de folie qu'était de m'enfuir du camp avec la ruche entre les mâchoires. Alors, je prends les responsabilités de mes actes et j'en assume les conséquences en silence. Les dents serrées, je regarde en direction d'Echo Gelé, mais il n'y a rien à dire. La mission est terminée. Enfin... presque. 


Après quoi, sans même attendre la moindre réponses, je m'élance en direction du camp. Une fois que je me suis un peu enfoncée dans les fourrés, je commence à courir franchement tout en ignorant la douleur qui donne l'impression que je me déchire les muscles. Plus vite tout cela sera terminé, mieux ça sera. De plus, courir en me focalisant sur mon objectif m'empêche de penser à mes piqûres et à la douleur qu'elles m'infligent. Au bout d'un temps qui je paraît beaucoup plus court que celui qu'il m'a fallu pour parcourir le chemin en sens inverse, je parviens au camp, dans lequel les chatons réjouis ont déjà repris leur terrain de jeu et les reines les regardent avec soulagement tandis que les autres membres du Clan paraissent déjà plus sereins en l'absence du nid d'abeilles. J'avise la large feuille remplie du miel que nous avons récolté ; je songe à aller la déposer à l'intérieur de l'antre avant d'aller parler à notre chef, mais à presque à l'instant même où cette pensée me traverse, je vous Boléro Symphonique s'en charger lui-même. Bien... je pense. Il ne me reste donc plus qu'une dernière chose à faire. J'entre donc dans l'antre du chef sans me soucier de l'absence d'Écho Gelé. Je veux dire, je ne pense pas que nous ayons besoin d'être à deux pour faire ça. Je m'approche donc de l'entrée de la tanière et je m'annonce.


Je m'exécute donc et je rentre dans la tanière avant de me placer devant la chef tout en inclinant la tête dans un geste respectueux. Elle me salue à son tour et m'invite à parler d'un signe de la queue. Je suppose que la raison pour laquelle je suis ici est évidente, étant donnée que c'est elle-même qui nous a confié cette dure tâche, à Écho Gelé et à moi. Je me lancecependant dans mes explications:



Après une courte discussion au sujet de ce que nous venions d'accomplir, je salue notre chef avec respect et je m'éclipse lorsqu'elle m'en donne l'autorisation. Je regarde la clairière du camp et je soupire de soulagement tout en plissant les yeux lorsque les rayons du soleil haut dans le ciel m'agresse de leur vive luminosité. Nous a inscrit réussi; c'est terminé. Je peux enfin retourner à mes activités habituelles.