Une vie qui se perd à l'éclosion d'une autre ~ [LIBRE]

   

    ❝ Le soleil était si bas dans le ciel, si bas. On appelait ce moment de la journée le crépuscule. Et la Lune tardait, s'impatientait à prendre la place du soleil qui lui, lambinait à se coucher et se dissimuler ailleurs, pour descendre dans l'hémisphère sud et leur donner leur journée à eux. Et le froid était glacial à l'extrême. Après tout, ne provenait-il pas du nord? Il faisait frissonner les guerriers et obligeait les petits chatons à se blottir conter leur mère, pour ne pas geler, devenir aussi dur que la pierre. C'était la saison froide. Cette saison aussi cruelle que destructrice qui n'avait de pitié pour aucuns des chats sauvages, des chats des Clans, et même des solitaires. Tous étaient laissés à eux-même tandis que les maladies ravageaient leurs semblables à cause de la famine, du froid, de la neige et de l'humidité. Et les épidémies n'étaient pas rares en cette saison, la saison froide ou encore nommée la saison des neiges. Il y avait les ancêtres qui veillaient sur toute la forêt. Et tant de chats espéraient que le Clan des Étoiles les sauve, mais celui-ci était...passif. Il ne pouvait rien faire sinon observer et accepter que l'on puisse douter de lui. 

Et dans l'antre du chef du Clan de l'Illusion, Étoile Éphémère se reposait. Enfin, si on pouvait appeler ça se reposer, faire ce qu'elle faisait. Coucher sur son lit, son regard dans le vague. On aurait pu croire qu'elle pensait, mais non. Vous voyez cette chatte? Certains guerriers de son Clan ne lui font pas confiance, mais alors là pas du tout. Elle est si instable, imprévisible qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre avec elle, mais elle a réussi étrangement à se hisser au rang de chef. C'était improbable et pourtant, c'était le cas. Elle était belle et bien cheffe, la preuve étant son nom. Il commençait par Étoile. Étoile Éphémère. Un beau nom, un doux nom pour un caractère totalement différent. Parce qu'on ne pouvait jamais se fier sur la chatte qui pouvait être la plus douce et tout à coup la plus cruelle, mais le plus frappant était le fait qu'elle ne se souvenait jamais, mais au grand jamais de ce qui se passait quand elle était d'un tel comportement et qu'elle changeait du tout au tout. Mais même si on ne lui fait pas confiance, on lui obéit. Elle est la meneuse, après tout et le Clan des Étoiles l'a choisi. S'il n'aurait pas voulu de la chatte, il le lui aurait fait comprendre, après tout. La meneuse finit par se lever et elle regarda autour d'elle. La douceur incarnait cet être désormais tandis qu'elle sortit de son antre.

Le soleil frappa de plein fouet Étoile Éphémère quand elle fut dans une des branches entourant son antre. Elle sauta habilement par terre et regarda autour d'elle. Les apprentis aidaient les anciens et s'entraînaient avec leur mentor, les guerriers étaient tous là. Elle miaula fortement pour attirer l'attention de ses guerriers. Ils se retournèrent vers elle,certains le regard méfiant, d'autres prêts à la suivre partout où elle irait et un jour, peut-être qu'elle mènera son Clan à sa perte. Peut-être que non aussi, après tout. La chatte était bien trop instable pour que l'on puisse prédire quoi que ce soit avec elle, la concernant. Ils s'approchèrent d'elle et attendirent les ordres qu'elle avait à donner. Étoile Éphémère voulait simplement donner les rôles des patrouilles et de chasses. Elle remerciait intérieurement le Clan des Étoiles pour tout ce qu'il leur accordait en cette saison et pour le nombre de guerrier qu'avait son Clan. Elle aimait ce Clan. Ce Clan qui était à peu près tout....Rien. Ce Clan qui n'était rien et qu'elle n'aimait pas. Elle se retourna sèchement, un regard chargé de haine envers ses guerriers et s'éclipsa du camp. Les guerriers se regardèrent, se comprenant sans mots et s'appliquèrent immédiatement à faire ce qu'elle leur avait dit. 

La meneuse était maintenant ailleurs, à la mer plus précisément. Le regard perdu dans le rivage, elle se demandait plusieurs choses. Maintenant, elle n'était plus cette chatte colérique, mais plutôt celle mélancolique, qui se demandait pourquoi la vie allait si vite, pourquoi tout était comme ça, et non pas comme ceci. La chatte qui tirait sur le philosophique. Et elle avait le regard perdu au soleil levant.   

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